
La parade
(Sylvain Dubois)
Et tu courais nonchalamment au gré de la bise hormonale
Vers d’autres bras impressionnants vers d’autres fleurs subliminales
Et tu caressais violemment la chair et le muscle bandé
Tu embrassais de toutes tes dents l’impérieuse félicité
Tu concédais de temps en temps de t’en remettre à l’amour
Tu l’ignorais tant et pourtant tu y faisais quelques détours
De ces délices éphémères de tous les plaisirs adultères
Tu ne gardais en ta mémoire que le souvenir piquant d’un soir
Un soir où d’avoir trop goûté au ventre ferme d’un rêve nuptial
Tu n’avais pu dissimuler une attirance paranormale
Pour une femme simple et muette qui se tenait seule au comptoir
Qui buvait un verre d’anisette en scrutant les coins du boudoir
Des petits seins des jambes croisées un cou si court un nez si long
Un corps semblant martyrisé par le temps et par l’abandon
Mais dans l’angle mort d’un regard tant de mystère et de lumière
Surgit alors de ce mouroir du feu vous dis-je et de l’enfer
Et tu courus nonchalamment vers la table de la mystique
Tu engageais imprudemment un monologue soporifique
Pas de réponse plus un regard pas une oreille intéressée
Pas même un geste à ton égard ni de dégoût ni d’anxiété
Et tu revins au fond du bar parmi tes douze camarades
Reprenant comme tous les soirs le jeu fameux de la parade.